Le citoyen engagé

Un bon exemple, qui s’applique à ce qualificatif, a été notamment le texte signé par Zylberberg avec le titre-choc «Faut-il noyer les réfugiés?» (Zylberberg, 1987: 801-810). Dans cet «essai polémique» selon l’expression de l’auteur, celui-ci rappelle tout d’abord que dans le discours officiel: «Le Canada est une terre d’asile, un havre de paix, un espace de prospérité, une oasis du droit pour les persécutés du monde entier» (Zylberberg, 1987: 802). Mais, lorsqu’on y regarde de plus près dans le point de mire de l’État canadien, la situation n’est pas aussi favorable en ce qui a trait au droit d’asile et d’immigration au Canada. Rappelons que ce texte a été écrit dans le contexte où l’État canadien débattait de deux projets de lois afin de distinguer les «vrais» des «faux» réfugiés. «L’avocat du diable» (Zylberberg, 1987: 806), tel qu’il se décrit lui-même, rappelle que: «L’immigration canadienne est le produit d’une histoire contradictoire, souvent violente, souvent soumise aux entraves d’autorités publiques prétendant toujours répondre aux demandes sociales dans le respect des valeurs chrétiennes et de droit» [...] Il semble que le traitement politique de la crise des réfugiés, inventée indépendamment du gouvernement par les média, doit être rapporté aux contradictions qui affectent les définitions des politiques gouvernementales, leurs exécutions et finalement leurs perceptions par l’opinion publique (Zylberberg, 1987: 807).

Dans ce texte, l’auteur décortique le corpus juridique relatif à l’immigration au Canada surtout depuis l’adoption de la loi de 1976 sur l’immigration. Il démontre jusqu’à quel point l’État canadien imite d’autres États occidentaux et que finalement, «les réfugiés refusés un peu partout, sont priés de bien vouloir se tenir à l’écart des pays civilisés, sans doute au milieu de l’océan, mais en se gardant bien de polluer les ressources halieutiques du Canada» (Zylberberg, 1987: 810). Il informe, il dénonce, il donne à réfléchir sur les écarts entre un discours «vertueux» et ce que les faits nous donnent à penser. Le droit humanitaire du Canada est à interroger.

Référence bibliographique 

Zylberberg, Jacques. «Faut-il noyer les réfugiés?». Essai et document. Dans la Revue Études internationales, volume XVIII, no. 4, décembre 1987, p. 801-810.

http://www.jacqueszylberberg.org/le-citoyen-engage.htm - 2024-10-11